Robert De Niro : un voyage dans les limbes des souvenirs
- Adèle Rivenet
- 18 mai
- 4 min de lecture
Robert De Niro : un voyage dans les limbes des souvenirs

« He doesn’t say much, but when he does, it matters »
Leonardo DiCaprio au sujet de De Niro à la cérémonie d’ouverture.
Robert De Niro est une légende que nous n’avons plus besoin de présenter, son nom seul rappelant une longue carrière d’acteur marquée par de nombreux classiques tels que Taxi Driver, Le Parrain 2, Les Affranchis, ou encore Heat. Habitué du festival du Cannes, il revient pour cette 78e édition dans l’optique de recevoir la palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Après un discours politique à la cérémonie d’ouverture, c’est une facette plus intime du cinéaste que ce rendez-vous nous dévoile peu à peu.
Le rendez-vous est animé par JR, artiste français, connu notamment pour ses œuvres d’art consistant de collages sur papier.
Tout d’abord, une standing ovation de plusieurs minutes accueille le cinéaste. Puis, sans plus attendre, une discussion entre les deux hommes présents sur scène est entamée concernant le projet futur sur lequel ils travaillent. Il s’agirait d’un documentaire, qui porterait notamment sur la vie du peintre Robert De Niro (Sr.), père de Robert De Niro.
Les thématiques abordées : héritage, préservation, souvenirs et regrets.
« I wanted them to see what their grandfather’s legacy was »
Avec les questions posées par JR à Robert De Niro, celui-ci évoque ce qui peut sembler évident. Il dit par exemple qu’il est très important pour lui de faire découvrir, surtout à ses petits-enfants, qui était leur grand-père. C’est un moyen de continuer à maintenir ce dernier en vie, ainsi que son art. Néanmoins, les petits-enfants ne sont pas les seuls à se lancer dans une toute nouvelle découverte. Robert De Niro lui-même, en plongeant dans les journaux de son père, s’aventure dans un projet qui remue des souvenirs d’enfance, pouvant parfois être douloureux. C’est une véritable épreuve, d’autant plus que l’acteur n’avait auparavant jamais ouvert ces journaux, jusqu’à il y à 3 ans. Il avait décidé de laisser l’intégralité du studio de son père intact, avant que l’arrivée de JR et de son projet vienne tout chambouler.
« Well… it’s annoying sometimes… »
Si dans sa carrière Robert De Niro a principalement été filmé, dans sa vie privée, c’est lui l’opérateur derrière la caméra. Effectivement, il nous est révélé qu’il possède des centaines de captations de divers moments de sa vie familiale et professionnelle qu’il a filmé lui-même. Pourtant, il précise bel et bien que sans la mise en marche de ce projet, il ne sait pas quand il aurait été capable d’autant explorer en profondeur cette intimité de son père, ou s’il aurait été prêt, un jour, à le faire. Il explique que ça lui arrive parfois de ne pas avoir envie de tourner, mais qu’il “doit” le faire, et que c’est pour ça qu’il a un jour dit à JR “You have to push me” (“Tu dois m’y forcer”).
« We’ll just keep going until one day, it feels okay »
Aujourd’hui, Robert De Niro ne voit pas quand ni comment le projet pourrait prendre fin. Lui comme JR sont d’accord sur un point : ce qui donne tout son sens à ce travail est justement le fait de ne pas savoir où il les mènera. N’ayant pas de “deadline”, cela leur donne la possibilité et le temps de s’abandonner totalement à cette recherche, de se confronter à d’éventuels moments de blocage, seulement pour pouvoir ensuite repartir de plus belle. Lors des questions avec le public, le cinéaste affirmera d’ailleurs que ce projet agit pour lui comme une thérapie.
Un extrait de ce futur documentaire nous est dévoilé. Les images sont belles et évocatrices, comme celle où De Niro tire un long tissu dans la nature, évocateur de tous les souvenirs qu'il traîne derrière lui sans oser leur faire face. Cependant, à notre grande déception, les questions posées à De Niro dans cet aperçu sont strictement les mêmes posées lors de l'interview. Ainsi, l'entretien avec JR s'achève, mais notre soif de connaître le grand acteur perdure. Pendant un peu moins d'une heure, JR n'a fait quasiment que tourner en boucle, ne posant aucune question qui sortirait du cadre de son précieux projet.
Heureusement, la parole est cédée au public qui a pu poser quelques questions à l’acteur, décentrant enfin l’entretien du projet en explorant d’autres facettes de l’acteur.
« People have to stand up for what’s right »
Cette partie démarre fort avec de la politique. Face à l’accroissement fulgurant de régimes autocratiques, une membre de l’audience demande « comment sommes-nous arrivés là ? », et De Niro met tout le monde d’accord en répondant « Bonne question ». Il réaffirme ensuite ces convictions, insistant sur l’importance de prendre des décisions en communauté, et que certains cherchent à accaparer l’intégralité du pouvoir par peur de perdre la puissance économique et politique dont ils disposent déjà. Il est persuadé que chacun sait discerner le bien du mal, et que nous nous devons de « lutter pour ce qui est juste ».
« The first impulse, trust it »
Par la suite, l’audience se tourne davantage vers la carrière du cinéaste. De Niro conseille les jeunes acteurs (« Votre première impulsion, faîtes-lui confiance ») et insiste sur l’importance de se rendre en salle de cinéma pour vivre l’expérience de traverser une histoire en communauté. Il retourne aux racines de sa passion pour le cinéma en évoquant les noms qui l’ont inspiré dans ses commencements (Marlon Brando, James Dean, Laurence Olivier), le premier film vu dont il se souvient encore aujourd’hui (Splendor of the grass d’Elia Kazan (1961) à l’âge de 18 ans) et d’autres films qui l’ont marqué avant ses débuts (les westerns de John Ford qu’il admire pour sa mise en scène, Beauty and the Beast de Cocteau qui est le premier film vu en compagnie de ses parents…).
« Embrace life, move forward »
D’abord humain, ensuite cinéaste, cet entretien se termine par une leçon de vie. De Niro aborde son rapport à la mort, et comment il a fini par accepter celle-ci puisqu’il « n’avait pas le choix que de faire avec ». Il nous offre un conseil valable pour tous : « embrassez la vie, allez de l’avant ».
Écrit par Luna Cocq et Adèle Rivenet
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