Amores Perros (Amours Chiennes) - Chienne de vie
- Emma Guillot
- 24 mai
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 mai
Amores Perros (Amours Chiennes) - Chienne de vie
Ce mardi 20 mai, nous avons eu la chance d’assister à la présentation d’un des maîtres du cinéma mexicain contemporain, Alejandro González Iñárritu, accompagné de son acteur Gael García Bernal. Des retrouvailles émouvantes autour d’un film qui a marqué leurs débuts.
Amores Perros, premier long-métrage d’Iñárritu, première pierre de sa "trilogie de la mort", suivie de 21 grammes et Babel.
Le film nous embarque dans trois récits, trois trajectoires brisées. Des personnages voués à la chute, broyés par des amours impossibles.
"Si quieres hacer reír a Dios, cuéntale tus planes.""Si tu veux faire rire Dieu, raconte-lui tes projets."

Une ouverture sensorielle et brutale. Le décor est posé. Mexico. Circulation. Chaleur écrasante. Un chien blessé halète sur la banquette arrière. Une voiture en fuite. La caméra palpite. L’odeur du sang, de la peur, de la sueur. Puis l’impact. Bienvenue sur le ring.
Iñárritu nous plonge dans le chaos, guidé par une caméra-chien errant. Elle suit les personnages à la trace, leur colle aux basques, renifle les coins sombres comme si elle cherchait la vérité dans les poubelles. Et partout, les chiens. Fidèles, battus, sacrifiés. Leurs combats sont le reflet d’une société où les hommes s’entre-dévorent.
Octavio fait combattre son chien qu’il soigne comme un frère, mais l’envoie crever pour du cash. L’argent, c’est son ticket pour fuir avec Susana, la copine de son frère, bandit de minuit qui la traite comme un chien en cage. Octavio rêve d’amour, de fuite, planque son espoir dans une mallette. Et un matin : plus rien. Argent volé, fraternité brisé, amour frustré.
Valeria, top model glamour, tombe dans sa propre cage dorée. Voisine d’elle-même, reflet narcissique projeté en grand sur une façade. Puis immobilisée, piégée dans un appartement troué, où son chien disparaît sous le plancher. Il a disparu comme son désir, sa liberté, et son amant qui la trahit comme il a trahi son ex-femme. La beauté fane, l’amour s’effrite. Il ne reste que les gémissements du chien, presque imperceptibles.

El Chivo, lui, est un fantôme. Ex-guérillero devenu tueur à gages, il vit comme ses chiens, errant. Il tue un jour, recueille le chien blessé d’Octavio le lendemain. Et ce dernier, remis sur pied massacre ses autres compagnons. Il a laissé entrer le loup dans la bergerie.
Le film mord, littéralement. Et chaque morsure laisse une trace.
Ici, l’espoir s’accroche à des rêves désaccordés. L’amour se veut salvateur, mais il se dérobe. Et l’animal finit par mordre la main qui nourrit.
Ce sont des âmes cabossées. Ils veulent s’en sortir, mais la vie les tient en laisse.
Iñárritu tisse un lien entre ces êtres perdus, sans forcer. Juste le hasard comme révélateur de vérité.
Amores Perros nous parle des hommes comme des chiens : parfois fidèles, parfois féroces, toujours affamés d’amour.
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