Being Bo Widerberg : un documentaire complet sur une star oubliée: do
- Adèle Rivenet
- 17 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 mai
Being Bo Widerberg : un documentaire complet sur une star oubliée

SEQUENCE 1 – INT. JOUR. - CAFÉ
Deux étudiants MICHAEL et ALICE sont assis sur un canapé orange. Enthousiastes, ils discutent.
MICHAEL
Et ce plan où elles sont toutes les deux dans la chambre : magnifique. Elizabeth se penche au-dessus de l'épaule d’Alma pour lui murmurer à l'oreille, comme un diable, s'opposant ainsi au plan précédant où elle apparaissait comme un ange dans un halo de lumière. Franchement, Bergman est un génie, sans nul doute le plus grand cinéaste suédois.
ALICE, amusée
Parce que tu en connais beaucoup ?
MICHAEL
Euuh... à vrai dire c'est le seul que je peux nommer. Toi aussi je suppose ?
ALICE
Jusqu'à hier oui, mais plus maintenant. La projection Cannes Classics d'hier soir présentait ce réalisateur suédois, Widerberg, et il a fait pas mal de choses. Et il a ACCESSOIREMENT gagné des prix à Cannes, au festival de Berlin, a été nominé plusieurs fois aux Oscars et aux Golden Globes. Bref, ce n'était pas n'importe qui.
MICHAEL
Quoi ?! J'en avais jamais entendu parler !
ALICE
Avant-hier, moi non plus. Il était tombé dans l'oubli après sa carrière, mais des restaurations de ses films sortent peu à peu, et ce documentaire le met à nouveau en lumière. Viens, je te montre.
Elle lui prend le bras. Ils disparaissent.
SEQUENCE 2 - INT. NUIT. - SALLE DE PROJECTION, ANNEES 60
Michael et Alice apparaissent dans les sièges arrière. À l’écran est projeté Les 400 coups de Truffaut. Michael regarde autour de lui.
MICHAEL
Euh... c'est pas Les 400 coups ? Je croyais qu'on allait découvrir Widerberg.
ALICE
C'est ce qu'on fait. Figure-toi qu'il est dans cette salle avec nous.
MICHAEL
En train de regarder un Truffaut ?
ALICE
Exactement. Et il ne sortira pas de la salle inchangé. Fasciné par la Nouvelle Vague et le réalisme, il s'inspire de ce mouvement en gardant son propre style. Bergman ne montrait pas la vie suédoise : l'action pourrait se dérouler dans un autre pays et l'œuvre garderait du sens. La spécificité de Wilderberg, c'est qu'il cherche à représenter le plus fidèlement possible le peuple suédois. S’il suit la majorité du temps un scénario écrit par ses soins, il laisse parfois la place aux aléas du réel. Par exemple, il y eut un jour une femme âgée qui perturbait le tournage en faisant des bruits à sa fenêtre et qui refusait d'arrêter. Alors, il est monté avec son équipe, l'a filmé en train de chanter, et l'a incluse dans le film !
SPECTATEUR
Hé, ça arrête de parler derrière ?! Y en a qu'essaye de regarder le film !
ALICE
Oups.
Michael rigole. Ils disparaissent tous les deux.
SEQUENCE 3 - EXT. JOUR. - MALMÖ, ANNEES 70
Michael et Alice apparaissent sur une place de la ville de Malmö, en Suède. Autour, des centaines de personnes affluent. Dans le ciel, un hélicoptère.
MICHAEL
Euh... Y a un hélicoptère en feu là.
ALICE
Sans blague. C’est normal, on est sur le tournage d’Un flic sur le toit, c’est nécessaire à une des scènes.
MICHAEL
Et c’est qui le taré à la caméra dans la sortie de métro, JUSTE EN DESSOUS DE L’HÉLICOPTÈRE EN FLAMME QUI EST LÉGÈREMENT EN TRAIN DE TOMBER ??!!!
ALICE
Euh, Widerberg ?
Silence. Michael hausse un sourcil.
ALICE
Il n’avait pas trop le choix, l’opérateur refusait de tourner le plan à cause du danger. Widerberg avait une vision précise de son film, et il était prêt à tout pour y parvenir. Durant le tournage d’Elvira Madigan, il a fait en sorte que l’actrice Pia Degermark vomisse pour l’une des scènes, multipliant les tentatives jusqu’à lui faire fumer des cigares gaulois dont elle détestait l’odeur pour lui donner envie de vomir.
MICHAEL
C’est pas de la maltraitance d’acteurs ça ? Je plains ceux qui devaient travailler avec eux.
ALICE
En vérité, la plupart en tire une bonne expérience. Certains soulignent même la capacité de Widerberg à former une grande famille avec son équipe. Bon, à la fin c’était un peu plus compliqué car il souffrait de trouble manico-dépressifs.
MICHAEL
Tu as vraiment l’air d’avoir tiré pleins de choses de ce documentaire.
ALICE
C’est le cas ! L’œuvre a su retracer la vie de Bo Widerberg, abordant à la fois sa carrière cinématographique et sa vie personnelle. Cependant, sa force est aussi sa faiblesse. Le documentaire est très dense, les informations s’enchaînent très vite et s’additionne parfois, ce qui le rend difficile à suivre.
MICHAEL
S’additionnent ?
ALICE
Attends, je te montre.
SEQUENCE 4 - INT. JOUR. - SALLE BUÑUEL, JEUDI 15 MAI 19H36.
À l’écran, Being Bo Widerbeg de Jon Asp et Mattias Nohrborg.
ALICE
Regarde là par exemple. Un extrait de son film Joe Hill nous est montré. Or nous avons à peine le temps d’intégrer l’image qu’elle cède place à des images d’archives du tournage. De plus, à ce visuel s’additionne plusieurs voix off de collègues, de membres de la famille du cinéaste ou d’autres professionnels qui admire son travail. Les noms de chacun des intervenants sont annoncés une première fois, mais uniquement quand nous voyons leur visage dans les séquences d’interview. Le tout s’enchaînant rapidement, il est difficile de discerner les intervenants quand ils sont en voix off.
MICHAEL
C’est sûr. J’aime quand même bien cette multiplicité de médias. Je trouve que cela nous plonge dans l’univers de l’artiste en montrant plusieurs de ses aspects.
ALICE
Je suis d’accord ! Aussi, La multiplicité des intervenants permet d'explorer toutes les facettes du cinéaste à toutes les étapes de sa vie. Certains le plébiscite, certains ont un avis plus critique sur la personne qu’il était, ce qui donne un rendu réaliste et humanisant contrairement à certains documentaires et biopics dithyrambiques.
MICHAEL
Un bon documentaire alors.
ALICE
Exactement ! Malgré le trop plein d’informations à certains moments, il était très instructif. Une chose est sûre, il donne envie, et dès la fin du festival, j’irais emprunter tous les films du réalisateur !
Par A. Rivenet
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